Dysphania ambrosioides

nom scientifique : 
Dysphania ambrosioides (L.) Mosyakin & Clemants
synonyme : 
Chenopodium ambrosioides L.
synonym2 : 
Teloxys ambrosioides (L.) W. A. Weber
Famille : 

Distribution géographique

Originaire d'Amérique, naturalisée dans l'Ancien Monde, fréquemment cultivée.

Description botanique

Herbe annuelle ou bisannuelle, dressée, pouvant atteindre 1,5 m, très aromatique. Feuilles lancéolées à elliptiques, sinuo-dentées, aiguës, pouvant atteindre 13 cm, glanduleuses. Fleurs en glomérules denses ou en épis; 3 à 5 sépales, ovés; sans pétales. Petit fruit à l'intérieur du calice avec graines noires.

Voucher(s)

Cénesca,38&40,SOE
Cogollo,21892,CUVC
Girón,228,CFEH
Delaigue,6,NHTT
Delens,3&300,VEN
Giménez,275675-05,VEN
Jiménez,1511,JBSD
Medina&Méndez,14,CICY
Suazo&Cardona,19,HPMHV
Merlo&Tinoco,17,HPMHV
Longuefosse&Nossin,11,HAVPM
Rueda,1644,HULE
Boulogne,TH,7,UAG
Boulogne,TB,4,UAG
Picking,35476,UWI

ulcères cutanés :

parties aériennes, écrasées, en application locale4

diarrhée :

feuilles et/ou parties aériennes, infusion ou décoction, voie orale1-2

douleur d'estomac :

parties aériennes, infusion ou décoction, voie orale1,3-4

parasitoses intestinales :

 

parties aériennes, infusion ou décoction, voie orale2,5-17

Contre la diarrhée ou les douleurs d'estomac causées par les parasites intestinaux (ascaris, oxyures et ankylostomes) :

Préparer une décoction ou une infusion avec 7 grammes de parties aériennes (feuille, fleur et tige) dans un peu plus d'1 tasse (250 millilitres). Pour la décoction, faire bouillir pendant 5 minutes dans un récipient couvert; pour l'infusion, verser l'eau bouillante sur les 7 grammes de parties aériennes, couvrir et laisser reposer pendant 10 minutes. Dans les deux cas, filtrer et boire 1 tasse (250 millilitres) pour un adulte, 1/2 tasse (125 millilitres) pour des personnes de 35 kilo et 1/3 de tasse (80 millilitres) pour des enfants de plus de 5 ans. Prendre 1 fois par jour pendant 3 jours consécutifs53 et ne pas renouveler ce traitement avant 6 mois.

Il est recommandé de prendre un laxatif salin (par exemple sulfate de magnésium) après la première prise, mais il ne faut pas utiliser de laxatif huileux18.

Contre les ulcères cutanés :

Laver la lésion avec de l'eau bouillie et du savon. Laver soigneusement les parties aériennes de la plante, les broyer ou les écraser et appliquer sur la zone affectée. Recouvrir d'un linge propre et changer 2 fois par jour.

Toute préparation médicinale doit être conservée au froid et utilisée dans les 24 heures.

Selon l'information disponible :

L'emploi contre la diarrhée, les douleurs d'estomac (uniquement pour celles causées par les parasites intestinaux : ascaris, oxyures et ankylostomes) est classé REC sur la base de l'emploi significatif traditionnel documenté par les enquêtes TRAMIL, les études de toxicité et de l'information scientifique publiée.

En aucun cas la forme de préparation ni la dose ne doivent être modifiées.

En cas de diarrhée, cet usage est considéré comme complémentaire à la réhydratation orale.

Si la diarrhée persiste plus de 2 jours ou si l’état du patient se détériore (déshydratation avec langue sèche, pli cutané persistant, oligurie ou pleurs sans larmes) consulter un médecin immédiatement.

Si l'état du patient se détériore ou si les douleurs d'estomac durent plus de 3 jours chez l'adulte, et plus de 2 jours chez l'enfant de plus de 5 ans, consulter un médecin.

Cet emploi est contre-indiqué chez des individus atteints d'affections hépatiques, d’insuffisance rénale18, ainsi que chez les personnes affaiblies ou âgées.

L'emploi contre les ulcères de la peau est classé REC sur la base de l'usage significatif traditionnel documenté par les enquêtes TRAMIL, les travaux de toxicité et de l'information scientifique publiée.

Si l’état du patient se détériore ou si l'ulcère persiste pendant plus de 5 jours, consulter un médecin.

Concernant l'usage contre les ulcères de la peau, il convient de se conformer à de strictes mesures d'hygiène pour empêcher la contamination ou une surinfection.

Ne pas employer avec des enfants de moins de 5 ans, ni avec des femmes allaitantes ou enceintes (car peut provoquer un avortement).

Travail TRAMIL19
La dose létale de l'ascaridole estimée à partir de sa concentration dans l'huile essentielle est de 0,075 mL/kg chez la souris.

Travail TRAMIL39
L'huile essentielle appliquée sur la peau saine rasée de 18 lapins albinos mâles jeunes et adultes, cliniquement sains, n'a pas montré de signes d’irritabilité topique après 24 et 72 heures.

Travaux TRAMIL40-41
L'extrait aqueux (décoction à 30%) de feuille fraîche (0,6 mL, équivalente à 0,18 g de matériel végétal frais) et la feuille fraîche pilée/froissée ont été appliqués en patchs de 6 cm2 sur la peau du lapin New Zealand mâle. Le patch a été retiré après 4 heures et les lectures à la recherche d'œdème et d'érythème après 24, 48 et 72 heures ont été négatives.

Travail TRAMIL42
Les extraits aqueux (infusion et décoction séparément) des parties aériennes (5 g/kg/jour), administrés par voie orale à la souris Hsd:ICR de 24,68 ± 1,85 g (5 mâles et 5 femelles), pendant 5 jours suivis de 12 jours d'observation, modèle EPA.OPPTS 870.1100. Aucune des deux fractions n'a entraîné la mort, ni de signes évidents de toxicité. L’autopsie macroscopique n’a pas montré d’altérations internes.

Les extraits aqueux (infusion et décoction à 10%) des parties aériennes sèches, sur culture de lymphocytes humains (1, 10, 100 et 1000 µL d'extrait/mL), ont montré un effet génotoxique et cytotoxique, diminué l'indice mitotique, mais n’a pas modifié la cinétique de prolifération cellulaire43.

Dans l'infusion, 90% de l'activité nématicide est due à des composés hydrophiles, différents de l'ascaridol (composant majoritaire et responsable des effets toxiques de l'huile essentielle); ce qui indique que la forme traditionnelle en infusion comme antiparasitaire est plus sûre que l'huile essentielle44.

L'huile essentielle administrée par voie orale, a montré une DL50 = 0,38 mL/kg sur la souris et une DL50 = 0,255 g/kg sur le rat45.

L'extrait méthanolique de feuille sèche (1 g/kg), par voie orale à la souris, n'a pas présenté de signes évidents de toxicité46.

L'extrait hydroalcoolique (50%) de plante entière, dans une étude de toxicité générale aiguë par voie intrapéritonéale sur la souris, a montré une DL50 >1 g/kg47.

L'huile essentielle peut produire des effets toxiques, particulièrement chez des individus affaiblis : nausées, vomissements, dépression du système nerveux, lésions hépatiques et rénales, surdité, troubles visuels, problèmes cardiaques et respiratoires18,44. L'administration d'une seule dose orale de 5 mL à des adultes a été reportée comme entraînant la mort48.

La littérature scientifique cite de nombreux cas d'intoxications par l'huile essentielle chez l'homme, dont certains ont été mortels48-52.

On ne dispose pas d'information garantissant l'innocuité de son emploi avec des enfants ni des femmes enceintes ou allaitantes.

Travail TRAMIL19
La quantité de l'huile essentielle est moindre dans les régions à climat sec (0,55 mL/50 g plante séchée) que dans les régions humides (0,77 mL/50 g de plante séchée).

La plante entière est riche en huile essentielle, appelée essence de chénopode. La feuille et l'inflorescence en contiennent 0,35% et le fruit de 0,6 à 3%. De nombreux travaux ont trait à la composition de cette huile essentielle, composée majoritairement de : monoterpènes : ascaridole (peroxyde terpénique, qui représente 42 à 90% de l'essence), carvacrol, oxyde de cariophylène, (Z)-ascaridol, (E)-ascaridol, 4-carène, alcool benzylique, p-crésol, ascaridolglycol, aritasone, pinène, limonène, myrcène, p-cymène, p-cymèn-8-ol, phellandrène, camphre, α-terpinène, α-terpinéol, p-menthe-1,3,8-triène, acétate de (E)-pipéritol, acétate de (Z)-carvile, associés à de faibles quantités de salicylate de méthyle et d'acide butyrique20-25.

La partie aérienne contient des flavonoïdes, des acides organiques : citrique, tartarique et succinique26.

Le fruit contient des flavonoïdes : quercétine, camphérol et dérivés, iso-rhamnétine27.

Analyse proximale pour 100 g de feuille28 : calories : 42; eau : 85,5%; protéines : 3,8%; lipides : 0,7%; glucides : 7,6%; fibres : 1,3%; cendres : 2,4%; calcium : 340 mg; phosphore : 52 mg; fer : 5,2 mg; carotène : 2420 µg; thiamine : 0,06 mg; riboflavine : 0,28 mg; niacine : 0,60 mg; acide ascorbique : 11 mg.

Travail TRAMIL29
L'extrait aqueux de feuille (25 et 100 mg/kg) par voie orale au rat Wistar avec ligature du pylore (modèle Shay) a diminué significativement le nombre d'ulcères d'estomac et l'indice d'ulcération sans modifier le volume de suc gastrique ni la quantité d'acide libre.

L'extrait aqueux de feuille séchée (200 µL/disque) a été actif in vitro contre Proteus vulgaris et Staphylococcus albus30.

D'autres activités étudiées de l’huile essentielle sont cités dans le tableau suivant.

Activités biologiques de l'huile essentielle de Chenopodium ambrosioides :

Effet

Dose

Type d'expérience

(sujet employé)

Observation

Références

antibactérien

non spécifiée

in vitro (Pseudomonas aeruginosa et Staphilococcus aureus)

actif

31

antihelminthique

0,1 g/kg

in vivo (chien) Toxocara canis

actif

32

antihelminthique

1 mL/animal

in vivo (chien)

actif

33

antihelminthique

1,5 mL/personne

in vivo (i.v. humain)

actif

34

antihelminthique

 

in vivo (oral humain)

actif

35

antifongique

1000 ppm

in vitro (Absidia ramosa, Microsporum gypseum)

très actif

36

 

Une étude ethnopharmacologique signale l'emploi de décoctions ou d'infusions (300 mg/kg de plante séchée) d'inflorescence et de feuille, sur des adultes, comme étant utile dans le traitement de l'ascaridiose. Une étude clinique de terrain sur des adultes (6 g/kg) n'a pas été efficace contre Necator americanus, Trichuris trichiura et Ascaris lumbricoides. Le soulagement rapporté traditionnellement peut être mis en relation avec l'expulsion de vers intestinaux sénescents après le traitement37.

Le jus des parties aériennes (1 mL/kg chez l'enfant de moins de 10 kg et 2 mL/kg chez les plus grands), a été administré par voie orale, en dose unique à jeun, 3 jours consécutifs, au cours d'un essai clinique aléatoire avec 30 enfants (3-14 ans) par groupe, avec diagnostic positif d'Ascaris lumbricoides ou Hymenolepis nana dans les selles, comparé avec l'albendazole (200 mg/enfant jusqu'à 5 ans et 400 mg aux plus âgés). Le jus a montré un effet antiparasitaire, évalué par l'élimination des oeufs dans les selles et réduction de la charge parasitaire, au moment du diagnostic puis 15 jours après le traitement. L'effet éradicateur d'Ascaris par le jus a été de 59,5% et par l'albendazol de 58,3%; l'effet du jus contre H. nana a été de 100%, meilleur que l'albendazol. La fréquence de réactions adverses observées a été de 23,3% dans les deux groupes traités38.

Les parties aériennes sont antihelmintiques, particulièrement efficaces contre les ascaris et les ankylostomes, moins vis à vis des oxyures18.

Le principe actif antihelminthique (ascaridole) contenu dans l'huile essentielle exerce une action paralysante et narcotique sur les ascaris, les oxyures et les ankylostomes, mais est inefficace contre les ténias et le trichocéphale32-34.

Pharmacopée: 

Ed.3

Références :  

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Décharge

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